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Petites nouvelles d'après demain

E-BookEPUBePub WasserzeichenE-Book
156 Seiten
Französisch
Books on Demanderschienen am24.02.20231. Auflage
Evelyne Charasse Petites nouvelles d'après demain Entre fantastique et science-fiction , entrez dans ces courtes histoires où l'imagination a tout pouvoir .

Evelyne Charasse : j'essaye d'écrire des flocons de neige. Publiée dans diverses revues numériques et plus de vingt revues poétiques papier. Lauréate du Grand Prix Poésie RATP 2017 "Je laisserai mes pas sur le sable", Editions La Porte 2016 Plusieurs livrets de poésies enfantines et livres pour enfants aux Editions AetH Présente dans des anthologies aux Editions de l'Aigrette et Corps Puce Mon site : https://charasseevelyne.over-blog.com
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Verfügbare Formate
BuchKartoniert, Paperback
EUR10,20
E-BookEPUBePub WasserzeichenE-Book
EUR5,49

Produkt

KlappentextEvelyne Charasse Petites nouvelles d'après demain Entre fantastique et science-fiction , entrez dans ces courtes histoires où l'imagination a tout pouvoir .

Evelyne Charasse : j'essaye d'écrire des flocons de neige. Publiée dans diverses revues numériques et plus de vingt revues poétiques papier. Lauréate du Grand Prix Poésie RATP 2017 "Je laisserai mes pas sur le sable", Editions La Porte 2016 Plusieurs livrets de poésies enfantines et livres pour enfants aux Editions AetH Présente dans des anthologies aux Editions de l'Aigrette et Corps Puce Mon site : https://charasseevelyne.over-blog.com
Details
Weitere ISBN/GTIN9782322490097
ProduktartE-Book
EinbandartE-Book
FormatEPUB
Format HinweisePub Wasserzeichen
Erscheinungsjahr2023
Erscheinungsdatum24.02.2023
Auflage1. Auflage
Seiten156 Seiten
SpracheFranzösisch
Artikel-Nr.11116587
Rubriken
Genre9200

Inhalt/Kritik

Leseprobe

AUX FRITES DORÉES

Jojo maniait l écumoire avec dextérité et prudence. Il connaissait son travail depuis plus de vingt ans et le faisait avec patience et application. Il fallait laisser dorer les frites juste le temps nécessaire, les sortir de leur bain d huile brûlante sans précipitation, les déposer dans le plat pour qu elles s égouttent un peu avant que l apprenti ne les repartît dans les assiettes : voilà comment obtenir de bonnes frites. Jojo travaillait avec plaisir. Il disait souvent :

« Les frites, elles sont bonnes parce qu on les aime. On les aime vraiment. C est pour ça qu ici pas de surgelés ! Que de la bonne patate épluchée du jour ! »

Il avait connu bien des galères avant de s assagir et de se retrouver dans cette cuisine surchauffée. Sa femme Sophie n était pas étrangère à tout ça. Il regardait souvent avec tendresse son alliance et le tatouage « S » qu il avait sur son majeur.

- Comme ça, je penserai à toi en bossant, lui avait-il dit en riant.

À l époque de leur mariage, Jojo n était pas encore le patron de ce petit restaurant de la banlieue Lilloise. Il n était qu un simple gosse, pauvre gosse sorti des bas-fonds de misère de la capitale Picarde, encore maladroit et empoté sous les ordres du vieux cuisinier Dédé qui allait lui révéler tous les secrets d une bonne cuisine traditionnelle du Nord. Issu du quartier Wazemmes où la vie peut parfois être plus difficile qu ailleurs, il avait cumulé les causes de malchances : un père alcoolique et donc sans cesse au chômage, une mère handicapée physique et donc peu disponible, cinq frères et sÅurs très rapprochés et donc turbulents. Jojo arrivait troisième dans cette fratrie agitée. La famille logeait dans un HLM vétuste, entourée de voisins guère mieux lotis. Chez Jojo les coups ne tombaient pas, ses parents étant la plupart du temps trop assommés par l alcool ou les médicaments pour faire quoique ce soit. La famille de Jojo vivait d allocations-chômage et familiales. Ces maigres ressources fondaient comme neige au soleil d été dès qu elles arrivaient sur leur compte en banque. Le père retirait un gros paquet de liquide et disparaissait dans les bars alentour laissant la mère désemparée avec ses enfants. Six gosses aux ventres vides à nourrir c était trop pour elle. La grand-mère maternelle venait parfois donner un peu de temps pour le ménage que sa fille ne pouvait faire et en profitait pour cuisiner une grande gamelle de pâtes à la sauce tomate. Un régal. Il se souvenait encore du goût ce plat sur sa langue encore actuellement. Ils vivaient pauvrement dans le dénuement matériel et moral total. Dès qu ils le purent, Ils chipèrent dans les magasins, fouillèrent à la nuit tombée dans les poubelles des petits restaurants, glanèrent sur les marchés. Deux enfants sur les six commencèrent des petits trafics pour finir en prison.

Dès qu il sut marcher Jojo apprit à se méfier de l alcool. Bien sûr qu il y avait goûté, pour faire comme son père. Pour comprendre pourquoi il engloutissait tout l argent du ménage. Un soir, il avait suivi ses frères aînés dans une fête. Ce dont il se souvenait, c était qu il avait bu tout ce qu on lui présentait. Par défi. Inexplicablement cette beuverie mémorable qui l avait laissé sur le carreau avait agi comme un antidote : il fut désormais immunisé contre l alcool. Il avait huit ans. On devient vite mature quand les conditions de vie sont médiocres. Le lendemain, se réveillant difficilement auprès

de ses frères salis de vomi, puant la mauvaise bière, méconnaissables et repoussants, il choisit d être désormais le plus raisonnable possible. Il respecta son choix tout au long des années qui suivirent.

« Je sortirai de cette misère. » pensait-il souvent. Et cette phrase devint même sa devise. Il s y accrochait fermement. Malheureusement, dans le même temps, ses frères aînés se laissèrent glisser sur la mauvaise pente pour finir en prison. Leur père les abandonna à leur triste sort sans remords, poursuivant sa lente destruction alcoolique. Il mourut dans la rue, seul, un soir un peu plus arrosé qu un autre. Leur mère quant à elle, complètement dépassée par ces malheurs, sombra dans une grave dépression et délaissa encore un peu plus sa progéniture. Ses sÅurs, des jumelles et une petite dernière alourdies de tous ces tracas eurent la chance de plaire à leur grand-mère maternelle qui accepta de les prendre toutes les trois chez elle, le temps que leur mère reprenne ses esprits. Chose qui n arriva jamais. Resté seul avec elle, Jojo mesura avec lucidité la distance existant entre eux. Il considéra qu il était plus responsable que sa mère. Il prit en charge toutes les contraintes du foyer : s occuper des papiers, gérer leur petit budget, maintenir le logement propre. Pour réussir il comptait sur l école où il se montrait assidu.

Dans sa cité, il passait pour un extraterrestre, un enfant sage c est plutôt rare. Jojo n écoutait ni les critiques, ni les jalousies, ne s en tenait qu à son projet. Pour s évader de cette pauvre vie.

Un soir, après l école, il avait dix ans, alors qu il rentrait chez lui d un pas rapide, insensible aux appels rigolards des copains sur l aire de jeux, il se sentit observé. Il se retourna mais ne vit rien d autre que des enfants débraillés en train de taper dans un ballon dégonflé. Il reprit sa marche rapide, il devait faire ses devoirs, apprendre ses leçons et accompagner sa mère au parloir pour voir un de ses aînés. Il était pressé.

-Jojo, fit une petite voix.

- Quoi ? demanda l enfant incrédule en cherchant partout la provenance de cet appel.

- Je suis là. Regarde bien.

À un mètre de lui se tenait un moineau qui le fixait :

- C est bien moi qui te parle Jojo. Ne crains rien, je veux juste t aider.

Ils se trouvaient alors dans une ruelle peu fréquentée. Plus que surpris l enfant répéta en bredouillant :

- Quoi ?

- Tu le mérites cher enfant.

- Je comprends rien.

- Je suis la fée Mab et j ai décidé de t aider un peu.

- Comment ?

- J ai des grands pouvoirs tu sais et parfois je m en sers pour faire le bien chez les humains.

- Pourquoi ?

- Parce que tu es un garçon courageux qui affronte une vie difficile.

Le petit garçon hésita : devait-il s enfuir ? Se pincer pour se réveiller ? Ou rester là à écouter parler un oiseau ?

- Tu vas faire quoi ?

L oiseau sautillait autour de lui de façon frénétique.

- Tu verras demain.

N y tenant plus Jojo s enfuit sans se retourner.

Le lendemain, ayant très mal dormi, il arriva à l école en retard alors que les grilles se refermaient. Il rentra dans sa classe précipitamment et bouscula une fille sur son passage. C était une nouvelle élève, il la voyait pour la première fois. Son cÅur bondit dans sa poitrine à lui en faire mal. Cette mince et timide fillette aux cheveux blonds, il sut que pour elle, il ferait tout pour avoir une vie qu on dit « normale ». Du côté de Sophie, le coup de foudre fut identique, mais elle n en laissa rien paraître et ce ne fut que deux semaines plus tard qu elle consentit à lui parler. D un amour innocent d enfants naquit un amour solide d adultes, sans qu ils ne se rendissent compte du temps écoulé. Ils s épaulèrent mutuellement durant leur cursus scolaire d abord et ensuite professionnel. Ils choisirent tous deux de faire un CAP en restauration. Ce ne fut pas facile, étant un milieu assez dur et peu regardant à la fatigue. Mais avec patience et courage, au fil des années, ils mirent de côté des économies pour ouvrir leur petit restaurant bien à eux, et là, ils y étaient : « Aux frites dorées » leur appartenait. Le petit établissement accueillait 30 couverts mais c était largement suffisant. Jojo ne voulait servir que de bons produits : des bonnes frites d ici, dorées à souhait pour...
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