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Autopsie d'un désastre

E-BookEPUBePub WasserzeichenE-Book
198 Seiten
Französisch
BoD - Books on Demanderschienen am24.07.20241. Auflage
Les tragédies arrivent souvent en toute inconscience de ceux-là même qui les subissent. Parfois, cependant, le fou de la communauté tente de les réveiller. En vain! Ainsi, des sociétés humaines ont assisté, désabusées, à leur propre incinération. C'est donc l'histoire d'une désagrégation de la société que l'auteur tente de retracer, dans cette Afrique centrale, depuis le point de départ, qui se situe au moment de l'intrusion de la civilisation indo-européenne, jusqu'à ce début de ce siècle. La passion a assez souvent pris les devants dans ce récit, sans toutefois avoir altéré la réalité des faits.

Michel Milandou est un passionné de la société post-coloniale africaine. Marqué par le mouvement circulaire qui semble avoir entamé le dynamisme de la société congolaise, il s'est résolu à aller à la redécouverte de ce qui lui est si familier.
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Verfügbare Formate
TaschenbuchKartoniert, Paperback
EUR13,20
E-BookEPUBePub WasserzeichenE-Book
EUR6,99

Produkt

KlappentextLes tragédies arrivent souvent en toute inconscience de ceux-là même qui les subissent. Parfois, cependant, le fou de la communauté tente de les réveiller. En vain! Ainsi, des sociétés humaines ont assisté, désabusées, à leur propre incinération. C'est donc l'histoire d'une désagrégation de la société que l'auteur tente de retracer, dans cette Afrique centrale, depuis le point de départ, qui se situe au moment de l'intrusion de la civilisation indo-européenne, jusqu'à ce début de ce siècle. La passion a assez souvent pris les devants dans ce récit, sans toutefois avoir altéré la réalité des faits.

Michel Milandou est un passionné de la société post-coloniale africaine. Marqué par le mouvement circulaire qui semble avoir entamé le dynamisme de la société congolaise, il s'est résolu à aller à la redécouverte de ce qui lui est si familier.
Details
Weitere ISBN/GTIN9782322568109
ProduktartE-Book
EinbandartE-Book
FormatEPUB
Format HinweisePub Wasserzeichen
Erscheinungsjahr2024
Erscheinungsdatum24.07.2024
Auflage1. Auflage
Reiheroman
Reihen-Nr.1
Seiten198 Seiten
SpracheFranzösisch
Dateigrösse2258 Kbytes
Artikel-Nr.17228264
Rubriken
Genre9200

Inhalt/Kritik

Leseprobe

- III-

L´évolution avait ses particularités. Quand on sortait de ce monde contraignant de l´école, bien d´autres secteurs faisaient l´objet de tant d´éblouissement. C´est que, dans un village très reculé, il fut un homme qui provoqua l´éblouissement général. Reculé, disait-on, de tout village sans grandes possibilités d´accès, à une bonne encablure de l´unique voie de communication routière, perdu, d´où la ville avait un rayonnement quasi mystique.

La ville, c´était la capitale politique et administrative de tout un pays, dont les habitants n´avaient qu´une conscience diffuse de son existence, de son territoire, de ses limites. La ville était ce monstre, yeux éclatants, bruit intentionnellement non réglé, nuit chauffée par l´activisme des habitants, lumière resplendissante dégradant le noir de la nuit... Bref ! Ce lieu dont on ne pouvait revenir qu´émerveillé. Même seulement dans le rêve.

Un homme du village d´Abala devint, malgré lui, dignitaire de la contrée. Malgré lui. Ou inconsciemment. Involontairement. Encore faut-il qu´on ne connaisse pas la psychologie sociale du coin. Ainsi, ça se pourrait que ce qui lui valut tant de considération, de déférence, il l´eut construit, savamment entretenu, opportunément distillé. Il était l´homme d´un autre monde. Par son activité antérieure, avant qu´il ne s´installe dans la contrée. Une activité dont il a bien gardé les réflexes. Il ne fut jamais satisfait de la vie du coin. Ce village si reculé. Pour un homme qui avait vécu l´animation bruyante entre deux ports, sur le fleuve Congo, grouillants d´activisme. C´est que, cet homme était de ceux qu´on appelait « chômeurs de Léo ».

Très paradoxal comme qualificatif. Mais, d´office, portant cette veste, on pouvait s´imaginer qu´il était donc un immigré dans ce village. Parce qu´un chômeur de Léo - pour Léopoldville, ville capitale de l´ancienne colonie belge, en l´honneur de son propriétaire, le roi belge Léopold, aujourd´hui, Kinshasa - ne pouvait qu´être un homme aux réflexes si particuliers. Comment ou pourquoi ce qualificatif ?

Était ainsi qualifiée, toute personne ayant choisi le trafic entre les deux villes capitales -les plus rapprochées au monde - pour s´assurer la survie financière. Pourquoi alors chômeur, alors qu´il eût été plus avenant de les qualifier de commerçants tout simplement ?

À cette époque, le parler français local était sous haute influence des parlers ethniques locaux. Les instituteurs avaient inculqué aux élèves une compréhension du terme de chômeur qui marqua les esprits. Chômer pris la tournure d´une recherche hors territoire des moyens financiers de subsistance. Péjorativement, chômer était synonyme de trafiquer. Pour le public, le chômeur de Léo était un homme qui était loin d´être affable, plutôt à la limite de la légalité, un mafieux, qui avait le talent de déjouer la douane. Chômer aurait pu s´apparenter pourtant à trader, de nos jours. C´est, pour avoir séjourné à Léo que ces jeunes gens avaient vite compris qu´il existait un gap de prix entre les deux villes, qu´il était opportun d´exploiter. Ce qui se fît. Mais, comme dit le proverbe, il n´y a pas de fumée sans feu, le soupçon d´une activité à la limite de la légalité n´était pas infondé.

Saint est celui qui aurait su, pu, résister au mirage de l´enrichissement que dégageait Léo. La réputation du Congo belge aux divers minerais était déjà bien établie. Par exemple, le sous-sol de ce pays était riche en diamant. Cette pierre était l´évocation de la richesse ; de l´enrichissement à coup presque sûr, en dépit de tous les risques qui lui étaient rattachés. Des risques vite sous-estimés au regard de la promesse du paradis. Ainsi, certains des chômeurs de Léo n´hésitèrent pas à tenter l´aventure du trafic de diamant. C´est donc cet état d´esprit, celui d´aventure, cette capacité d´errer, sur les activités commerciales, pour ces chômeurs, des personnes libres de toute contrainte, qui est à l´origine de ce qualificatif. Ce sont des preneurs de risques. Or, le goût pour le risque n´était pas culturellement admis. Ainsi, cela n´avait rien à voir avec la recherche d´un emploi. Ce n´est pas non plus à la suite d´une déception dans la recherche de l´emploi que ces jeunes s´étaient tournés vers cette activité. Bien au contraire. L´appât du gain et une vie de liberté, d´expérience entre deux villes capitales, était le seul leitmotiv.

C´était pendant la coloniale, dans les années quarante du siècle passé. C´est fort d´une expérience formatrice que cet ancien chômeur de Léo deviendra, presque tout naturellement, un réformateur, un innovateur, quelqu´un de différent, qui ne sentit pas l´odeur satinée du villageois, mais plutôt, toujours, dégageant un parfum sublimant les esprits de ses nouveaux compagnons de tous les jours. Qui le croisait en chemin en était fort heureux. Son parfum, Ô, son parfum. L´imagination se perdait, tellement son odeur leur était inaccessible.

Par cette magie se dégageant de sa personne, monsieur Itoua Albert, le chômeur de Léo, prit l´ascendant sur les autres. C'était toute une prouesse pour une personne qui n´était qu´un migrant. Son village d´origine était bien loin, pas loin du fleuve. Ce qui expliqua l´opportunité de se lancer dans le trafic. Ici, à l´intérieur du pays, il avait suivi une femme avec qui il allait fonder une famille ; une femme qui était de ce coin-là.

Il acquit la notabilité. Il devint même chef du village, admiré. Un chef de village très avenant ; il avait toujours chez lui une bouteille de vin rouge. Il en gratifiait quelques-uns de ces administrés, selon son humeur du jour. Ce vin rouge qu´il avait lui-même découvert à Léo. Un vin qui fit beaucoup de prouesses. Mais, il n´avait pas que cela.

M. Itoua avait autre chose. Cette autre chose qui provoquait l´éblouissement total. L´odeur du vin était particulière. Et, rien que cela, enivrait. Le monde, autour de lui, était soul, ivre. L´ivresse provoquée par le fantasme ; par l´imagination ; s´imaginer consommer ce vin et d´en débusquer le goût. Accompagnée par cette autre chose qui illuminait les soirées festives, l´ivresse provoquée par le mirage du vin n´en fut que plus forte.

C´était donc quoi cette autre chose qui pouvait agir sur les neurones des gens ? C´était la lampe Pétromax. Il en avait deux.

C´est parmi les babioles introduites par le commerce colonial. Des babioles qui allaient cependant engendrer une consommation de prestige. Avec la lampe Pétromax, il avait le réchaud. Voilà un autre mot magique. Puis apparaissait le phonographe, la radio. C´est que le chômeur de Léo avait tout cela. Il était alors un nanti.

Dans cette société villageoise, ceux qui possédaient ce genre de biens étaient adulés. Et, comment, donc ? Leurs progénitures pouvaient s´en vanter. Auprès d'autres gamins, ils s´exhibaient comme s´ils comprenaient quoi que ce soit de ces choses. Mais, justement, moins on comprenait, plus l´effet mirage était fort. Cela était recherché par tous. Par le village.

La lampe de la marque Pétromax utilisait le pétrole comme combustible. Elle était dotée d´un système de compression, qui transformait le liquide pétrole dans le réservoir en gaz de pétrole. Une pompe d´amorçage au niveau du réservoir créait cette gazéification. Acheminé par un conduit au bout duquel était attaché un manchon, on l´enflammait. Le manchon brûlait en émettant une lumière très forte, blanche et éclatante. Elle éblouissait. Elle donnait une certaine beauté à l´environnement. Voilà qui pouvait créer la sensation du bien-être.

Le réchaud était sur le même principe : le pétrole comme combustible, une pompe...
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